Jour J. L’excitation (et l’habitude) m’a fait me réveiller à 6:00 alors que mon alarme était réglée à 7:45.
Après un dernier check de mes bagages (SPF perdu, racheté…), je pars pour l’aéroport. Tout se déroule comme prévu.
Arrivé à CDG, je me faufile pour découvrir qu’Air France a cédé aux sirènes des caisses automatiques. Je dois imprimer moi-même carte d’embarquement et bordereau pour ma valise en soute… Pas sûr que ce soit un progrès. J’aime Air France pour son personnel toujours agréable et souriant, et ces économies de bout de chandelles m’écoeurent.
Plus loin des policiers nous demandent de reculer. Un bagage abandonné semble-t-il. Je n’y prête pas plus d’attention que nécessaire. Je me faufile pour enregistrer ma valise. Ce n’est pas facile dans cette cohue de gens mal élevés.
Mais j’arrive à m’approcher du guichet d’enregistrement.
Sauf qu’entre temps, les policiers l’ont fait fermer. Je me retrouve au point de départ, voir même avant cela. Gros flottement autour de moi, on nous demande d’évacuer, mais sans nous dire où. L’efficacité à la française dans sa splendeur. Je me retrouve coincé avec un groupe d’asiatiques, vraisemblablement chinois de Beijing d’après leur accent. Il y a un musicien avec une guitare, il ressemble à A-Yue (donc taiwanais), je me prends à rêver que c’est lui, sans aller vérifier, je n’ai pas envie de passer pour un abruti quand il me regardera avec des yeux comme des soucoupes, néanmoins il doit avoir une certaine notoriété car il est accompagné par une équipe de télé équipée pour faire du beauty shot, sans doute un docu.
Bref, tout cela me fait passer le temps, mais voilà bientôt trois quarts d’heure que j’attends. Et je commence à être un poil énervé. La situation n’avance pas.
Je me mets à l’écart, dans une petite pièce, si ça doit péter au moins je serai à l’abri (j’ai appris en discutant avec le personnel que si ce genre d’alertes arrive quotidiennement, elles ne durent en général que 20 minutes. Celle-ci est donc exceptionnellement longue, et donc d’autant plus suspecte).
Puis alors que je commençais à désespérer, la situation se débloque d’un coup ! Je suis donc le flux et me dirige vers l’enregistrement. La queue que je suis contraint de refaire à nouveau va plus vite que prévu. Je me retrouve au guichet rapidement et discute avec le type, très sympa, qui peut me donner plus d’informations. Cette alerte est la plus importante depuis deux ans, mais tout le monde est sur les nerfs avec ce qu’il s’est passé en Turquie il y a deux jours. Il y avait 5 bagages abandonnés. Donc 5 abrutis (ou peut-être un seul très très con) ont vu leur bagage détruit et fait chier 500 personnes pendant une heure !
En partant, le gars me dit « arigato », je le quitte avec le sourire, je pense qu’il voulait me dire « sayonara ».
Je passe la sécurité sans encombres. Maintenant voyageur expérimenté (et connaissant l’exigence chinoise), mon sac est fait de façon à pouvoir être vidé en un instant. De même, je suis habillé spécialement pour le voyage, avec des choses confortables mais qui également m’éviteront de faire bipper le portique.
J’arrive à ma porte d’embarquement. Puis attends. Trop longtemps. L’embarquement commence avec 45 minutes de retard.
Je suis abasourdi par l’impolitesse des japonais. Soit ils ont changé, soit ils ont passé trop de temps en France ;)!
Je parviens enfin… Au bus ! Car oui, j’ai un vol international et régulier vers un pays « pas pourri » mais je dois prendre un bus et me taper un escalier sur le tarmac pour prendre mon avion ! Tout se perd… (Je me souviens alors qu’à l’enregistrement le gars m’avait dit qu’à cause des attentats les japonais ne venaient plus et qu’il y avait du coup moins de vols).
Bref, après 15 minutes de bus, je peux enfin monter dans ce fichu coucou, et je me dirige vers ma place. Pourvu que mon voisin soit japonais.
Perdu !
Il est français. Et il occupe sa place et une partie de la mienne, je le suburai tout le vol… Moins envahissant que la mémé relou de l’an dernier mais chiant quand même !
C’est juste pour 12 heures…
Ah non. J’attends encore une heure, comme l’an dernier, dans un avion immobile, avant que le capitaine passablement énervé nous explique qu’on va enfin y aller, tous les problèmes étant finalement résolus.
Il nous dit aussi qu’on ne rattrapera pas notre retard. ETA 9:30. Rien de dramatique ! 🙂
L’avion décolle, marquant le début officiel des vacances.
Et de douze heures de vol, propices à l’introspection.
Je réalise que pour la 5ème fois de ma vie je vais réalisé mon rêve. Le même rêve ! 5 fois !! Qui peut dire qu’il en a fait autant !?
Alors oui, peut-être mon rêve est super accessible, peut-être que je mange d’imagination ? Mais ça me permet d’être heureux plus facilement 🙂
Donc oui, pour la 5ème fois, je vais vivre des choses extraordinaires, sans doute qu’à plusieurs reprises j’aurai les larmes aux yeux de me prendre autant de bonheur dans la gueule, et quand je reviendrai, je serai encore un peu plus différent. Je me connaitrai mieux, j’aurai un peu plus intégré mes défauts et mes qualités.
Voyager seul ne demande pas de qualité particulière, si ce n’est d’accepter son imperfection, faire avec, et changer ce qu’on ne peut supporter, pour devenir meilleur.
Amuse toi bien !